Fabian Boschung effectue une formation de graphisme à l’EAA de La Chaux-de-Fonds puis un Bachelor en arts visuels à la HEAD de Genève. Développant son œuvre dans le domaine de la peinture et de la sculpture, l’artiste expose en Suisse et à l’étranger depuis 2006.
Fabian Boschung développe son savoir-faire et son esprit critique dans les champs de la sculpture et de la peinture. Il élabore sa propre identité par le biais de l’appropriation en puisant dans des formes, des motifs et des images appartenant à des mouvements historiques ou contemporains identifiés (et parfois même, a priori opposés : l’Art minimal, l’Expressionnisme abstrait, la Bad painting, Supports/surfaces, entre autres), à des pratiques populaires (les collections d’objets dérisoires — cactus, coquillages… —, les bricolages domestiques…) ou qui sont issues de son environnement familier. Il se saisit d’archétypes (formels et idéologiques) pour tester leurs limites et leur persistance. Son travail est empreint d’un regard distancié et acide tout autant qu’il témoigne d’une véritable jubilation dans l’usage des matériaux.
De la célébration à l’autodérision, la position de l’auteur (de l’artiste) est sans cesse mise à mal. L’artiste n’hésite jamais, au sens propre comme au sens figuré, à se défroquer. Plus généralement, les paradigmes de l’art (l’auteur, la production, l’exposition, le public) sont habilement remis en jeu avec une liberté qui dissout les hiérarchies (entre art et décor, artiste et public, bien fait et mal fait, maîtrise et accident, banalité et unicité, beau et obscène). Une attention particulière est également portée à la dialectique corps/ objet et aux croisements entre les médiums (en particulier la peinture, la photographie et la sculpture). L’artifice, la littéralité et le 1er degré, l’emphase (gestuelle et matérielle), l’efficacité visuelle (les matériaux employés sont souvent élémentaires et bricolés) et l’ironie sont quelques-uns des procédés régulièrement employés par l’artiste dans son entreprise déterminée et joyeuse de mise à nu et d’explosion des acquis.
Il ne serait guère fécond de désigner un rapport de filiation précis — aussi éclairant soit-il — pour appréhender le travail, disons-le décomplexé, de Fabian Boschung qui ne laisse, ni au temps ni à la critique, la possibilité de l’enfermer dans une catégorie. Sa position radicale flirte parfois avec l’immaturité, souvent avec l’ironie — et non le cynisme — et s’incarne dans un jeu subtil d’évitement consommé.
Lionnel Gras