Musée d’Ethnographie de Neuchatêl (MEN)

men.ch

+41 32 717 85 60

secretariat.men@ne.ch

Rue St-Nicolas 4 2000 Neuchâtel

Du mardi au dimanche : 10h – 17h

5. MEN Germond A_2
© photographie : Alain Germond

L’ART EST UN SYSTÈME DE REPRÉSENTATION COMME UN AUTRE

 

Pour les ethnologues de musée que nous sommes, l’art est un système de représentation comme un autre, ni sacré ni détaché du reste du social. À ce titre, il peut être présenté, interrogé, voire mis en question comme n’importe quel autre système symbolique.

Cette démarche, un brin iconoclaste et manifestement très éloignée de l’essentialisme qui influence encore profondément de nombreux milieux artistiques, donne parfois à leurs représentants l’impression d’une banalisation, voire d’une instrumentalisation des artistes qui participent à nos exercices, dont la démarche individuelle et libertaire ne saurait être inféodée à aucune perspective englobante. C’est donc avec ceux qui pratiquent une comparable désacralisation de leur domaine de référence et qui acceptent de le mettre en question de manière critique, collective et désenclavée que nous nous trouvons le plus en phase et en résonance.

La démarche du MEN reste cependant fortement attachée à sa discipline de référence et aux thématiques qui lui permettent de l’actualiser, ce qui exclut toute intervention purement formelle ou plastique dans son domaine de représentation.

 

LA PLUPART DES ARTISTES CONTEMPORAINS FONCTIONNENT À NOS YEUX COMME DES ETHNOGRAPHES DE LEUR MILIEU SOCIOCULTUREL

 

L’art contemporain parle profondément à l’équipe du MEN du fait d’une sorte de symétrie de positionnement. Car si nous recourons volontiers à l’installation signifiante dans nos expositions, au point que certains nous demandent si nous nous prenons pour des artistes (question à laquelle nous répondons évidemment par la négative, car nous ne revendiquons pas ce statut et ne mettons pas en œuvre les processus de légitimation propres à l’activer), la plupart des artistes contemporains fonctionnent à nos yeux comme des ethnographes de leur milieu socioculturel et comme des analystes engagés de leur domaine d’activité. Ce croisement de perspectives a abouti à de fortes convergences quant au type de regard porté sur le monde et aux moyens mis en œuvre pour en rendre compte.

Nous avons ainsi fréquemment eu recours à des acteurs de l’art contemporain, non pas sur la base d’une carte blanche, mais sur celle d’une intégration significative de leur démarche à notre propos, toujours considéré comme premier. Nous l’avons fait sous la forme de citations évoquant des démarches théoriques (Duchamp, Warhol, Boltanski), sous celle d’emprunts évocatifs, de détournement ou de positionnement réflexif (très nombreux), sous celle d’échos collaboratifs (« Eternal Tour » et les Frères Chapuisat lors d’« Helvetia Park »), sous celle de collaboration sectorielle (le CAN dans « L’art c’est l’art »), de cogestation (Ataa Oko et Regula Tschumi dans « Hors-champs »), de conception (Bastian et Isabelle L., François Burland dans « What are you doing after the apocalypse»?) et de cocréation (Rémy Zaugg dans « L’art c’est l’art »), voire même d’intégration puisque plusieurs plasticiens et représentants des arts de la scène ont fait partie intégrante de notre équipe depuis les années 1980 (Jean-Pierre Zaugg, Sabine Crausaz, Patrick Burnier et Anna Jones). Parallèlement, c’est dans les institutions et les centres qui se réclament de l’art contemporain que nous avons trouvé les inspi- rations plastiques les plus stimulantes pour alimenter notre démarche d’expographes.

 

Marc-Olivier Gonseth