Après avoir suivi des cours à l’Académie de Meuron de Neuchâtel, Kester Güdel obtient un diplôme de graphiste à l’EAA de La Chaux-de-Fonds et poursuit sa formation à l’ECAL à Lausanne. L’artiste bénéficie d’une bourse de la ville de Neuchâtel pour séjourner à Bruxelles en 2015 puis du canton de Neuchâtel pour séjourner à Berlin en 2016. Depuis 2014, il expose ses œuvres régulièrement dans des expositions personnelles et collectives.
Les ouvrages de Samuel Beckett, les notes sur le cinématographe de Robert Bresson, les écrits de John Cage ou encore la nouvelle vision du jazz incarnée par Charlie Parker dans les années 1940 (le bebop) constituent les principales références de l’artiste. « Ces gens-là ne m’influencent pas directement par le biais de leurs œuvres, mais par leur méthode de travail. C’est ce qui m’intéresse le plus en peinture : la méthode, le processus de création. La question pour moi est de savoir d’où part l’élan créatif et non pas où il nous emporte, car ça on ne le sait pas ! » affirme l’artiste. En touchant à d’autres domaines que la peinture, Kester Güdel cherche ainsi un moyen de dépasser les problématiques que pose toute activité artistique, qu’elle soit musicale, cinématographique, littéraire ou picturale.
L’artiste semble avoir trouvé un début de réponse en écoutant ses sensations physiques qui, comme la peinture, ne mentent jamais et guident ses gestes. Charlie Parker le disait déjà au début du 20e siècle : « Si on ne sent pas la note, le saxophone ne va jamais la jouer ». Kester Güdel a fait sienne cette maxime et c’est en allant à la rencontre de ses émotions qu’il a trouvé sa propre liberté artistique. En n’oubliant pas d’écorcher au passage le prestige des écoles d’art qui, selon lui, « perturbent les jeunes artistes en leur imposant des règles qui bloquent leurs élans créatifs naturels. Personnellement, ça m’a bloqué lorsque j’étais étudiant et j’ai remarqué qu’il n’y avait finalement aucune règle. On n’échappe pas à sa nature ».
L’un des voiles du mystère de la peinture de Kester Güdel se lève déjà un peu plus : partisan d’un art libre, sans concepts et qui reflèterait la nature véritable de l’artiste, ses œuvres constituent les porte-paroles de sa vérité. Une vérité personnelle qui s’éloigne des règles de l’art contemporain actuel et qui transparaît dans ses toiles, symbolisée par les taches blanches recouvrant l’œuvre figurative initiale ou le long lacet noir soulignant ce qui a besoin d’être vu. Autant de motifs que l’on retrouve dans toutes ses toiles et qui caractérisent son coup de pinceau. Bien qu’insaisissable, l’art de Güdel se ressemble dans les thèmes qu’il propose et si le processus de création évolue au fil de ses inspirations, le résultat final reste à l’image de la nature de l’artiste.
Amalia Dévaud
Du 5 avril 2019 au 13 avril 2019
Lage Egal, Berlin, Allemagne