GUENAT Laurent

1954, Bienne | travaille aux Verrières

Laurent Guenat, Fuck, 2016, huile, papier, fusain sur toile, 187 × 175 cm

Laurent Guenat peint depuis 1980, date à laquelle il cesse de travailler en tant qu’ingénieur pour se consacrer pleinement à l’art. Il bénéficie d’une bourse de la ville de Bienne, en 1999, pour séjourner au Caire. Son intervention artistique dans le nouveau bâtiment de la Suva à Delémont, en collaboration avec Steve Léchot, est primée en 2000. Ses travaux sont régulièrement exposés depuis 1996, principalement en Suisse et en France.

FOCUS SUR LAURENT GUENAT

Laurent Guenat n’aime pas se dire artiste. Préférant confier qu’il pratique l’art, ce féru de littérature et de philosophie transcende les disciplines en se prêtant aussi bien à la peinture qu’à la performance, à la gravure ou encore à la poésie. Sa recherche artistique l’occupe depuis 1988, date à laquelle il abandonne la profession d’ingénieur pour s’y consacrer entièrement. Aux origines de cette recherche se trouve un mot : l’être. Un travail à portée philosophique qui se double d’une quête sur l’identité. C’est l’Homme dans ses enfermements physiques et mentaux, qu’ils soient volontaires ou contraints, qui le passionne. Laurent Guenat est allé jusqu’à la vallée des rois trouver matière à réflexion. Lieux iconiques de l’histoire humaine, ces cryptes l’ont fasciné et ont orienté son travail depuis la fin des années 1990. Il en est de même pour les grottes préhistoriques, à l’image de celle de Chauvet. Au cœur de ces ouvrages si lointains se trouve le désir, qui est un autre point focal de sa recherche et qui pour lui est un moteur, une énergie menant à la création.

Le travail pictural de Laurent Guenat est rempli de figures humaines qui se déforment au fil des expérimentations auxquelles il les soumet. Il passe par différentes techniques et une multitude de médiums pour figurer ces silhouettes déformées, parfois grotesques, captives et captivantes. Au-delà de la peinture, il aime utiliser la tempera, le lavis, tirer parti du carton ou même recueillir des spécimens naturels. Ses moyens d’expression englobent encore la cendre, le brou de noix ou le plâtre et des techniques telles que le grattage. Cette dernière peut être associée à du papier de soie, matériau ô combien fragile superposé à la peinture avant d’être attaqué à la brosse métallique. Ainsi, alors que la touche picturale est fine, la toile cache un processus de création brutal. Ses œuvres sont toujours des enchevêtrements complexes, plein de paradoxes. Auteur engagé, on trouve des préoccupations d’ordre politique et écologique dans son travail. À cet égard, le livre d’artiste est son lieu d’expérimentation ultime, un outil de questionnement acéré. Laurent Guenat décortique l’être humain ; son travail est une dissertation vivante.

Jessica Mondego