RABUS Alex

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1944, Le Locle | travaille à Neuchâtel

Rabus G.
Alex Rabus, Excès de vitesse, 1991 – 1995, acrylique, 215 × 275 cm

Alex Rabus fréquente l’Académie de Meuron de Neuchâtel dans les années 1950 et l’Ecole cantonale des beaux-arts et d’arts appliqués de Lausanne au début des années 1960. Son parcours artistique est jalonné de nombreuses expositions, parfois en famille avec Renate, sa femme, et ses fils, Till et Léopold Rabus. Ses œuvres figurent dans différentes collections publiques, notamment au Museum of Old and New Art (MONA) en Tasmanie. L’artiste a d’autre part réalisé plusieurs publications qui retracent l’histoire de son œuvre.

 

FOCUS SUR ALEX RABUS

 

Dans une vision où le bien est inséparable du mal, Alex Rabus peint et sculpte le monde. L’univers pictural de ce peintre neuchâtelois est composé de scènes inspirées de la mythologie, de légendes, de destins humains, de catastrophes nucléaires et de miracles de la nature. Ses œuvres sont l’aboutissement d’une quête d’harmonie. Amoureux de la vérité, il retranscrit ce qu’il ressent, sans tricheries ni mensonges. Ses peintures sont souvent chargées d’éléments, de microscènes, offrant à nos yeux un véritable roman et de nombreuses possibilités de lecture. Les héros sont là comme perdus ou étrangers au monde qui les entoure.

Il dénonce, il se révolte et il positive. Peut-être est-ce là, la formule d’interprétation de ses œuvres. Alex Rabus est un homme de son temps, c’est pourquoi il s’interroge et nous invite à nous questionner sur les fonctionnements humains et sociétaux actuels.

L’ombre et la lumière qui animent ses peintures illustrent parfaitement ses inquiétudes et ses espoirs quant à l’avenir. Dans sa série « Chiens perdus dans une nature morte » Alex Rabus étudie le rapport absurde entre humains et chiens : une fois adopté, l’animal domestiqué doit renoncer à sa nature profonde. À sa manière, le chien peut symboliser notre propre vulnérabilité, notre conformation aux normes sociales en vigueur. Le gorille est également associé à l’homme, dans le tableau « Excès de vitesse ». Sa posture évoque la Passion du Christ, la posture du martyre sacrifié par l’homme. Les doutes de l’artiste se retrouvent notamment dans son œuvre « Massa, Alex et Ken ». Dans cette peinture, trois têtes (un gorille, Alex Rabus et Ken) sont confrontées à un fond recouvert par des images d’animaux en cage et d’ethnies menacées de disparaître. L’artiste oppose les souffrances animales et humaines au monde idéal de Barbie et de Ken. Or, les œuvres d’Alex Rabus nous invitent également à contempler les beautés qui nous entourent. Sa série de peintures sur l’Areuse témoigne de son admiration pour cette rivière. Son enthousiasme est contagieux : ne ressentons-nous pas une forme d’ébahissement devant cette nature bucolique, presque divine ? Ses peintures laissent parfois place à un contenu féérique : des anges baroques, inspirés des musiques qu’Alex Rabus écoute, et des personnages de livres pour enfants se dessinent dans la transparence de l’eau.

Entre le cubisme et le pop art, l’œuvre éclectique d’Alex Rabus passe allégrement d’un sujet à un autre, ce qui est signe d’une grande liberté. Ses peintures et ses sculptures ne sont pas alourdies par d’importants messages sociaux, mais plutôt égayées de notes d’espoir. Sa production artistique est à comprendre comme un refuge dans ce monde façonné, manipulé par l’homme. Estimant que le bonheur de demain doit reposer sur les bienfaits du passé, Alex Rabus nous confie : « J’aimerais que mes tableaux ressemblent à des fenêtres ouvertes sur un avenir d’avant… réconciliés ».

 

Marie Jeannet