Dès sa genèse le Musée d’art et d’histoire se profile en tant qu’institution au service de l’art de son temps. La donation de deux tableaux, en 1816, par Maximilien de Meuron (1785 – 1868) à la Ville de Neuchâtel initie un premier noyau de la collection de peintures qui s’enrichira régulièrement, grâce surtout au mécénat, très actif, de grandes familles neuchâteloises. Dans le sillage de la création de diverses institutions muséales en Suisse au XIXe siècle, le bâtiment accueillant le « Musée de peinture » sera inauguré en 1884 et s’enrichira de collections historiques acquérant ainsi sa double identité de « Musée d’art et d’histoire ». Cette pluralité de collections abritées dans un bâtiment unique se décline dès 1989 par la création de quatre départements distincts : les arts plastiques, l’histoire, les arts appliqués et la numismatique.
Si par son histoire le MahN figure en tant qu’institution de référence pour les artistes neuchâtelois du XIXe siècle, il témoigne aux XXe et XXIe siècles d’une ouverture envers l’art international et contemporain. En particulier les donations (les nombreux dons de Willy Russ, le Legs Yvan et Hélène Amez-Droz, la donation Fred Uhler, la donation Francis S. Jeunet, pour ne citer que les plus marquantes), ont revêtu une importance capitale et ont ouvert les collections à l’impressionnisme et à ses prolongements. Elles ont en même temps contribué à développer de manière décisive la présence de courants de la seconde moitié du XXe siècle, notamment l’abstraction lyrique et géométrique, et de l’époque actuelle. Le département des arts plastiques poursuit aujourd’hui une politique d’acquisition visant à soutenir l’art contemporain tantôt pour combler des lacunes dans la constitution d’ensembles d’œuvres d’artistes de référence de la collection, tantôt pour y introduire de nouvelles découvertes en lien avec les expositions proposées ou en dialogue avec les collections.
Je ne crois pas que l’art contemporain nécessite d’être « défendu » plus que l’art d’une autre époque. Il s’agit plutôt de soutenir l’art « de tous les temps », qu’il soit contemporain ou non, pourvu qu’il soit valable. Pour une institution publique comme la nôtre, en l’occurrence, la sensibilité démontrée pour l’art contemporain est vitale et au cœur de notre mission civique, car elle est l’expression et le témoignage du monde qui nous entoure, en constante évolution. En d’autres termes, les choix que nous opérons aujourd’hui doivent s’inscrire dans une durée : ils seront un té- moignage important de l’expression de notre société pour ceux qui viendront après nous, demain. Le Musée d’art et d’histoire, à travers son département des arts plastiques, loin d’être un « défricheur de talents », a pour mission de soutenir la création contemporaine, régionale ou internationale, en réfléchissant en termes de cohérence patrimoniale, de qualité, et selon une perspective historique. Ainsi, s’il participe à la consécration des carrières d’artistes de son temps, il le fait toujours en résonance avec la ligne de ses collections ou en relation aux thématiques développées dans les expositions. Actuellement, le département des arts plastiques s’engage à assurer une visibilité des artistes contemporains en les invitant à dialoguer avec la collection, en les présentant lors d’expositions monographiques et en poursuivant une politique d’acquisition mettant l’accent en particulier sur les arts graphiques.
Antonia Nessi Codirectrice,
conservatrice arts plastiques